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Guerre en Ukraine L’accord sur le transport des céréales ukrainiennes se dessine

Depuis quelques jours, les négociations entre la Russie et l’Ukraine vont bon train. Si la signature d’un accord sur la mise en place de corridors maritimes sécurisés en mer Noire se profile, plusieurs points restent très discutés.

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Sous la médiation de la Turquie, les négociations se poursuivent entre la Russie et l’Ukraine pour la mise en place de corridors maritimes sécurisés permettant la sortie par la mer Noire des quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées en Ukraine depuis le début du conflit.

 

Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les exportations ukrainiennes de blé, maïs et tournesol s’opéraient à 90 % par la mer, et pour l’essentiel par le port d’Odessa, qui concentre 60 % de l’activité portuaire du pays.

 

> À lire aussi : Alternatives : exporter des céréales de l’Ukraine sans la mer Noire prendrait dix ans (27/06/2022)

Des négociations qui s’accélèrent

Ainsi, les tractations se multiplient depuis le début de juin entre la Russie et l’Ukraine, deux puissances agricoles majeures pesant 30 % du commerce mondial de blé.

 

Pour le marché mondial, ces négociations sont cruciales car aucun pays n’est réellement venu combler le manque de grains ukrainiens (initialement 25 millions de tonnes) et les prix des matières premières agricoles étaient déjà très élevés avant même le début de l’invasion russe le 24 février 2022.

 

De plus, la guerre a entraîné un bond des cours des céréales (blé et maïs notamment), qui est devenu insoutenable pour les pays les plus dépendants des importations, comme l’Égypte, le Liban ou la Tunisie.

 

Ces derniers jours, les négociations se sont accélérées. Ankara a d’ailleurs affirmé lundi 18 juillet 2022 qu’un « accord de principe » avait « été trouvé » pour l’établissement d’un couloir maritime sécurisé.

 

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a salué « des avancées » dans la nuit de mardi à mercredi. « Toutes les questions ne sont pas encore réglées, c’est vrai, mais il y a du mouvement et c’est une bonne chose », a-t-il déclaré.

 

Toutefois, le président russe a rappelé que la reprise des exportations ukrainiennes en mer Noire serait conditionnée à la levée des restrictions sur les exportations agricoles de la Russie. Pourtant, soulignent des analystes du marché, aucune sanction ne vise directement les produits agricoles russes, qui sont toutefois pénalisés par ricochet du fait des sanctions visant son système bancaire.

 

En effet, l’Union européenne n’a imposé aucune sanction sur les céréales, les semences et les engrais produits en Russie et accuse Moscou de provoquer une pénurie et une flambée des prix avec le blocus des exportations de céréales ukrainiennes et la taxe de 30 % à l’exportation de ses céréales.

 

> À lire aussi : Commerce mondial : ce que la guerre en Ukraine a révélé des marchés agricoles (14/06/2022)

L’Union européenne poursuit ses sanctions contre la Russie

Mercredi 20 juillet 2022, la présidence tchèque du Conseil de l’Union européenne a annoncé l’approbation par les États membres d’une nouvelle série de mesures pour compléter les six trains de sanctions adoptés depuis le début de la guerre.

 

L’Union européenne va ainsi interdire les importations d’or d’origine russe, y compris les bijoux. Elle va également geler les actifs de la banque russe Sberbank et ajouter plusieurs personnalités et entités à sa liste noire, précise la présidence tchèque. Néanmoins, un engagement a été conclu afin que ces sanctions « ne mettent pas en péril la sécurité alimentaire et énergétique dans le monde ».

 

Cet accord européen donne la possibilité aux États membres de déroger au blocage « de certains fonds ou ressources économiques gelés appartenant à des banques russes » s’il est établi que ceux-ci sont « nécessaires à l’achat, à l’importation ou au transport de produits agricoles et alimentaires, y compris le blé et les engrais ». Ainsi, sept banques russes sont déjà concernées par cette dérogation.

Plusieurs points restent à discuter

Concernant cet accord, différentes étapes indispensables devront être cadrées comme le déminage des ports ukrainiens, « le chargement des bateaux, qui pourra être fait sous couvert onusien » ou « l’inspection » des navires, réclamée par la Russie qui veut pouvoir contrôler que ce trafic ne contient pas d’armes, explique Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux et associés.

 

> À lire aussi : Selon la Nasa, la Russie contrôle 22 % des terres agricoles en Ukraine (11/07/2022)

 

De plus, plusieurs points restent très discutés. Si Moscou obtient de pouvoir contrôler les navires, où ce contrôle s’effectuera-t-il : dans les eaux ukrainiennes ou internationales ? Quels bateaux seront autorisés à effectuer ces chargements, avec des équipages de quelles nationalités ?

 

De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan se montre optimiste et mise toujours sur un accord « cette semaine » concernant les exportations de céréales ukrainiennes, ont rapporté mercredi les médias turcs.

 

« Nous avons un mémorandum que nous espérons voir transformé en un texte écrit cette semaine », a déclaré le chef de l’État mercredi à la presse locale, de retour de Téhéran où il a rencontré la veille ses homologues russe et iranien. Le ministère russe de la Défense a quant à lui assuré qu’un « document final » serait prêt sous peu.

 

En dépit de nombreux obstacles encore possibles, pour l’analyste des marchés agricoles Gautier Le Molgat, il est aujourd’hui « dans l’intérêt de tout le monde que le trafic reprenne sur la mer Noire : pour les Ukrainiens d’abord, mais aussi pour les Russes, qui vont avoir une récolte exceptionnelle à exporter ».

 

> À lire aussi : Marché des grains : Constanta, le port de sortie pour les céréales ukrainiennes

(10/05/2022)

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